Tu sais très bien à qui je parle

Cabaret punk

Crédits : Cindy Jaunin

Dans un no man’s land circassien, un grenier débordant de hontes inavouables et de drames empaillés, le petit monstre caché dans nos entrailles est bien décidé à se faire entendre. A te parler, à se décrasser de ses larmes poisseuses, de ses libations vaines, de ses espoirs avariés. C’est ce soir… Pour exister encore, pour guérir la petite fille derrière notre masque.

Des mots lancés vers toi pour parvenir à croire que l’on m’attend encore. Croire qu’un seul être pourrait transcender le chagrin, le tordre et n’en extraire que la passion.

Avec (jeu, chant et danse) : Paola Landolt, Julie-Kazuko Rahir, Mike Winter

Texte : Petit Paul

Mise en scène : Stéphane Rentznik

Chorégraphie : Mike Winter

Décor : Cie Qu'est-ce t'as toi ?

Lumières : Gazus Gagnebin de Bons

Arrangements et Guitare : John Menoud

Batterie et percussions : Luc Muller

Collaboration artistique : Timothée Haller

Costumes : Scilla Illardo

Crédits : Cindy Jaunin

Extrait :

« Oui. Tu sais très bien à qui je parle. J’aurais tant voulu… je veux: être une absolue évidence à tes yeux…Tu sais très bien à qui je parle.

Je voudrais tout. Tout ce que je n’ai jamais eu.

Je voudrais que tu me demandes ce que je veux, en vrai. Et alors moi, comme je serai surprise de ta question, parce que j’ai pas l’habitude que tu fasses ça, j’hésiterai un peu avant de répondre. Je saurai plus. Et puis, et puis je te dirai: là, là tout de suite, je voudrais une glace à la fraise, et un baiser très fort sur ma bouche. Et que tu me prennes dans tes bras. Pas par habitude, ni parce que je t’appartiendrais, ni parce que les autres me trouveraient jolie, mais uniquement parce que tu me voudrais moi, dans tes bras. Rien que moi, vraiment moi. Je ne veux pas que tu me promettes, je veux juste que tu me préfères.

Et si tu veux continuer de te taire, alors ne parle pas: chuchote.

Mais emmène moi, emporte moi… Sur un de ces manèges qui vont tellement haut, et même si j’ai le vertige, parce que j’adorerais ça, contre toi: avoir peur suspendue dans le ciel.

Et s’empiffrer de gaufres au sucre glace, et de beignets qui sentent un peu le rance et de tartines au beurre salé, et en avoir partout.

Et monter dans ta voiture à l’heure de dormir, et rouler. Rouler. Rouler! Jusqu’à Paris, jusqu’à Moscou, Berlin, l’Italie, l’Océan… Jusqu’à l’Afrique! Et oublier pour toujours le chemin de la maison.

Et crier à tue-tête que tu es beau, beau, beau! Et crier de plus belle quand tu me dis de me taire.

Et rire à en être coupée en deux de douleur.

Et que tu nous apprivoises, moi et celles qui me hantent. Et te mordre comme une sauvage. Et avoir le goût de ton sang dans ma bouche.

Et te désobéir, rien que pour la punition.

Et jurer que je t’aimerai toujours, même si.

Et recommander une bouteille de vin à la fin du dîner.

Et te dire « non » pour te faire enrager, et « oui » pour te perdre.

Et te laisser me broyer avec tes muscles. Et te disparaître en moi.

Et me sentir si minuscule contre ta peau.

Et guérir mes insomnies au son de ta voix.

Et être une inconnue qui t’obsède.

Et m’enfuir un peu pour avoir le mal de toi. Et jouer à te redécouvrir, et ne pas te reconnaître.

Et être terrifiée que tu partes pour toujours. Et être émerveillée que tu reviennes, mon sublime.

Et t’inventer à chaque recoin improbable du Monde.

Et me battre avec toi. Et user ta peau jusqu’à l’os à trop te caresser.

Et partager la dernière cigarette. Et savoir nous immoler avant que l’on ne s’éteigne.

Et transformer notre lit en arène. Et refuser que ça se termine, et que ça recommence.

Et t’emprisonner pour de faux. Et te manger pour de vrai.

Et que tu m’emportes, pour ne pas que je me dissolve quand le rideau tombera.

Et avoir le cœur qui explose à t’attendre.

Et avoir le cœur qui s’égare quand je marche à ta rencontre.

Et vivre, vivre encore, lorsque les hommes en blanc déclareront qu’il ne bat plus mon cœur.

Et… si, pas toi…l’amour non plus. »